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Présidentielle 2025/ A l’issue d’une mission en Côte d’Ivoire : Une organisation internationale relève des « points critiques »

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29.09.2025
Le chapeau

Les missions internationales se succèdent dans le cadre de la présidentielle d’octobre 2025, en Côte d’Ivoire. Une délégation de l’International republican institute (Iri) a ainsi rencontré, du lundi 22 au vendredi 26 septembre 2025, plus de 70 parties prenantes au processus électoral en cours. 

Dans les conclusions de la mission publiée sur son site internet, le vendredi 26 septembre 2025, l’organisation engagée dans la promotion de la démocratie et la liberté dans le monde a identifié des « points critiques » susceptibles d’entraver la crédibilité du scrutin du 25 octobre prochain. « Les principales préoccupations comprennent la disqualification de candidats majeurs en raison de problèmes d’inéligibilité ou de l’absence d’autres candidats, ce qui limite la compétition et le choix offert aux électeurs ; l’apathie généralisée des électeurs et la privation du droit de vote résultant de l’incapacité des citoyens à s’inscrire pour voter au- delà de la période d’inscription de novembre 2024 ; l’impossibilité de vérifier les listes de parrainages des candidats, ce qui réduit la transparence ; des informations faisant état de harcèlement et d’intimidation visant des partisans de partis politiques ; et l’absence d’un calendrier électoral accessible au public, ce qui entrave la redevabilité. Ces points reflètent des préoccupations plus larges concernant l’intégrité électorale, la méfiance du public à l’égard des institutions, et le risque d’instabilité ou de violence », ont décrit les membres de la délégation conduite par le président de l’Iri, Dr Daniel Twining. 

Ils se sont inquiétés de l’absence de procédure d’appel suite à la décision du Conseil constitutionnel sur les candidatures retenues à la présidentielle. Toute chose qui « restreint davantage la compétition politique, alimente les soupçons de manipulation et sape la confiance du public dans le cadre juridique ». 

Daniel Twining et son équipe ont également souligné la méfiance du public et la perte de confiance dans les institutions, alimentées par la diffusion d’informations déformées et le manque de transparence concernant certains aspects du processus électoral. « La participation électorale se heurte à des obstacles importants, à commencer par la gestion des listes électorales. La décision de la Cei de ne pas réviser les listes électorales en 2025, invoquant des contraintes de temps et de ressources, a effectivement privé de leur droit de vote un grand nombre d’électeurs nouvellement éligibles. Les informations faisant état de harcèlement et d’intimidation visant des partisans de partis politiques menacent l’engagement civique et contribuent à l’établissement d’un climat de peur », ont-ils alerté. 

L’organisation a ainsi fait des recommandations pour adresser ces questions et renforcer la transparence et la crédibilité du processus en cours. Avant le scrutin, les experts de l’Iri ont appelé la Cei à « mettre à la disposition du public un calendrier électoral détaillé décrivant toutes les étapes du processus ». « Ce calendrier est essentiel pour accroître la transparence, sensibiliser le public, assurer la redevabilité, et favoriser la confiance dans le processus électoral », ont-ils relevé. Non sans exhorter l’organe en charge des élections, en collaboration avec la société civile et les partis politiques, à intensifier les efforts d’éducation des élections et d’éducation civique « en mettant l’accent sur la distribution rapide et équitable des cartes d’inscription des électeurs et des informations sur le processus électoral ».

Recommandations au gouvernement 

Ils ont, à l’intention du gouvernement, formulé des recommandations portant, entre autres, sur l’initiation d’enquêtes sur les violations et infractions liées aux élections, la lutte contre les fausses informations et la promotion de la culture du numérique, la protection de la liberté de la presse, l’accès équitable aux médias d’Etat pour les différentes parties et la libération des personnes arrêtées récemment dans le cadre du processus électoral, qui n’ont pas été inculpées. « Le gouvernement devrait libérer immédiatement tous les membres et sympathisants de l’opposition qui n’ont pas été inculpés dans le cadre du processus électoral. Leur maintien en détention porte atteinte aux libertés politiques, exacerbe les tensions, et menace la crédibilité de l’élection. (…) Des réformes juridiques devraient être envisagées pour protéger le journalisme d’investigation et empêcher l’utilisation abusive des lois qui pourraient étouffer la liberté d’expression », ont-ils fait remarquer. 

Ils ont de même appelé l’ensemble des acteurs politiques à s’abstenir de tout discours et de conduite électorale « préjudiciables ». « Tous les acteurs politiques doivent s’abstenir d’inciter ou d’approuver la violence contre leurs adversaires. Les partis devraient éviter les pratiques telles que l’achat de votes, la suppression des électeurs et la polarisation ethnique, qui risquent d’intimider davantage les électeurs et de saper la légitimité du processus. De plus, les partis devraient s’engager publiquement à autoriser les partis opposés à faire campagne dans leurs bastions », ont conseillé les émissaires de l’Iri. 

S’ils ont reconnu des difficultés à mettre en œuvre toutes ces recommandations avant la date du scrutin, prévu le 25 octobre prochain, les responsables de l’Iri ont plaidé auprès du gouvernement en vue de la mise en œuvre des « recommandations réalisables à court terme ». Cela, tout en élaborant progressivement des réformes pour améliorer sur le long terme le dispositif électoral. « (…) L’ampleur des défis auxquels est confronté le processus électoral en Côte d’Ivoire nécessitera un effort de réforme soutenu au fil du temps », ont-ils soutenu. 

Après le scrutin d’octobre 2025, la mission de l’Iri a proposé au gouvernement une série d’actions dans le sens du renforcement de la transparence et de la crédibilité du processus électoral en Côte d’Ivoire. Lesquelles vont de l’organisation d’une consultation post-électorale à l’organisation systématique annuelle de la Révision de la liste électorale (Rle). « Le gouvernement devrait lancer une consultation post-électorale avec toutes les parties prenantes afin de codifier un processus de vérification des candidatures en deux étapes, permettant aux candidats disqualifiés de faire appel des décisions jusqu’au Conseil constitutionnel. Ce changement, bien qu’il soit trop tard pour 2025, devrait être prioritaire dans les réformes post-électorales afin d’éviter de futurs problèmes potentiels liés à la disqualification d’un candidat. L’État devrait financer des organisations pour former les partis politiques au processus de nomination des candidats, augmentant ainsi la confiance des partis et du public dans le processus. Le gouvernement devrait faire des efforts considérables et consacrer les ressources nécessaires pour garantir que chaque citoyen reçoive les documents d’identité appropriés, y compris les cartes d’identité, les certificats de naissance, et les certificats de nationalité, qui sont des conditions préalables à l’inscription des électeurs et l’une des principales causes profondes de la privation du droit de vote », lit-on dans les conclusions de la Mission. Qui préconise de « mettre en œuvre des révisions annuelles et automatiques des listes, idéalement associées à des options ». 

Créé en 1983, l’Iri encourage et promeut la démocratie, la paix et la liberté. 

Signature
Alassane SANOU
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